A Paris à l’Ouest, nous sommes complètement fan des créations aériennes, délicates et si poétiques de cette jeune créatrice ancrée dans notre cher ouest parisien. Nous avons eu la chance de pouvoir la rencontrer.
Entretien avec une fée… aux doigts d’acier
Quand vous rencontrez Astrid Lecornu, la première chose qui frappe est son élégance gracile, puis vous êtes attirée par son regard bienveillant et pétillant à la fois. Sa voix est douce et un peu grave, la conversation se noue spontanément. Elle vous invite à vous asseoir dans son atelier, sa « caverne » où règne un bazar parfaitement ordonné et qui n’est pas sans rappeler les cabinets de curiosité d’autrefois. Astrid vous offre une tasse d’un thé parfumé délicieux, sa boisson fétiche… Vous pénétrez alors dans un monde de création, de travail et d’exigence où la beauté est maître et où les heures ne comptent plus.
Un parcours dessiné à main levée
Attirée depuis toujours par le dessin et la création, la créatrice se souvient avec émotion du garage de son grand-père à Rueil-Malmaison dans lequel elle passait des heures à bricoler et à créer, déjà, des petits personnages en fil de fer. En grandissant, c’est tout naturellement qu’elle se tourne vers des études en Arts Appliqués et en sort avec une spécialisation en broderie. «Tout est lié : l’illustration à la plume levée, le fil textile, les traits très fins et fermés… »
Autant d’éléments qu’elle retrouve dans la broderie et dans ses créations en fil de fer qu’elle fabrique alors pour ses proches. Une série de rencontres majeures, notamment avec Virginie Parrot l’amène à travailler en tant que brodeuse indépendante pour les collections hautes Couture de Chanel.
Par ailleurs ses créations en fil de fer commencent à se faire connaître et c’est ainsi qu’arrive en 2007 une demande de réalisation de vitrine pour la boutique qu’Alexandra François vient d’ouvrir rue Oberkampf à Paris. Cette première commande lance littéralement son activité puisque d’autres demandes de vitrines suivent, Princesse TamTam, Repetto… Suit alors une période où Astrid travaille nuit et jour pour continuer à broder les 8 collections annuelles de Chanel tout en développant ses créations en fil de fer qui sont désormais diffusées en boutiques.
Le fil de fer, de la matière première aux créations infinies
Aujourd’hui, le travail du fil de fer a pris le dessus même si Astrid continue toujours à travailler sur 2 à 3 collections Chanel chaque année. « J’ai toujours cet amour incroyable pour la broderie », glisse-t-elle. « Même si ce sont beaucoup d’heures de travail, j’ai besoin de cette création, de garder le contact avec le monde de la Haute Couture ».
Installée aujourd’hui à Bougival avec sa famille, Astrid Lecornu travaille désormais à plein temps sur ses réalisations en fil de fer et son univers s’enrichit chaque jour de nouvelles petites fées, de souris, de châteaux enchanteurs, de délicats passereaux et de saynètes plus poétiques les unes que les autres. Ses sources d’inspirations ? Les XVIIe et XVIIIe siècles français avec quelques incursions dans l’esprit de Lewis Caroll et dans l’univers graphique de Beatrix Potter. Au fur et à mesure du temps, son style s’est affirmé et chacune de ses créations, harmonieux mélange de textile et de fils métalliques, est un petit joyau de poésie baroque et gracile, à la fois nostalgique, intemporel et parfaitement moderne. « L’acier structure la création… et le textile réchauffe l’ensemble », assure-t-elle. « C’est important aussi de laisser parler la matière ». Dernière touche de magie ? tout en ayant une identité très forte, chacune de ses créations, saynètes ou personnages, laisse pleinement la place à l’imaginaire de chacun… C’est aussi là, peut-être, que réside le secret du succès d’Astrid auprès d’un public toujours plus large et varié.
Un ancrage dans l’ouest de Paris
Issue d’une famille de Rueil-Malmaison, la créatrice apprécie aujourd’hui « l’esprit village encore très présent à Bougival ». « Ici, nous avons la tête dans les arbres et les jambes à Paris » sourit-elle. « Chaque jour, la proximité de la nature est un plaisir», avec les balades le long de la Seine bien-sûr mais aussi le parc de la Jonchère où elle va se promener régulièrement avec sa fille. Et quel plaisir de vivre dans une région au patrimoine historique si riche pour cette passionnée d’Histoire !
Son adresse coup de cœur du moment est la Datcha d’Ivan Tourgueniev, véritable parenthèse russe au cœur de l’Ile de France. Celle-ci se visite, grâce à une association, tous les week-ends d’avril à octobre. Astrid se réjouit profondément de voir les projets de restauration et de mise en valeur du patrimoine se multiplier dans sa ville. Ainsi, juste à côté de la Datcha, la villa de la cantatrice Pauline Viardot, très liée au grand écrivain russe mais aussi à Flaubert, Zola, Daudet et Mérimée, va être restaurée grâce au célèbre loto du patrimoine mené par Stéphane Bern. Dès sa restauration achevée, la Villa Viardot sera appelée à accueillir à nouveau de belles rencontres littéraires et musicales. La maison de George Bizet, dans laquelle il a composé « Carmen », opéra le plus joué dans le monde aujourd’hui, ainsi que celle de la peintre impressionniste Berthe Morisot devraient bénéficier elles aussi de cette vague de mise en valeur de ce patrimoine exceptionnel. « Autant de raisons de venir redécouvrir Bougival ! »
En dehors de la « baguette bougivalaise » qu’elle savoure avec délice, et de la bibliothèque, «petite mais incroyablement riche et active » de Bougival, la plupart des adresses chouchous d’Astrid se situent à Rueil où la jeune femme a ses racines. Du chocolatier Gilles Cresno, élu parmi les 15 meilleurs chocolatiers de France, à l’indispensable boutique de déco Même les objets ont une vie, Astrid est intarissable sur le plaisir qu’elle a à fréquenter les commerces de Rueil-Malmaison. D’ailleurs si vous y faites escale, ne manquez pas Citrouille, véritable caverne d’Ali Baba des jouets tenue par une passionnée de l’enfance et du jouet, ou encore L’oiseau Lyre, la très jolie librairie située rue Hervet.
Pendant toute notre discussion, les doigts d’Astrid n’ont pas cessé de s’activer, passant rapidement d’une pince à l’autre avec naturel et précision. A la fin de l’entretien, je découvre émerveillée des feuillages foisonnants entre ses doigts…
De quoi oublier la grisaille et la pluie qui m’attendent dehors. Pas de doute, j’ai bien rencontré une fée.
Pour découvrir l’univers d’Astrid Lecornu
Et pour découvrir d’autres adresses de Bougival
Claire D.
4 Commentaires
NRJ
5 avril 2019 à 21 h 26 minBravo !
Tant pour la créatrice que pour sa rédactrice !
L’article est fluide, bien écrit et il donne plein d’envie de création, printemps aidant.
J’adore le ton Paris à l’Ouest, toujours plein de bonnes idées. Merci Nathalie
TITINE KIKI
5 avril 2019 à 23 h 37 minTu es géniale ma petite filleule
un rond dans l’eau
6 avril 2019 à 7 h 29 minSuper article sur une superbe fée !
Christine Draps
11 décembre 2023 à 10 h 11 minVos créations sont vraiment magnifiques