Deux de mes trois enfants ont été testés précoces, le troisième a l’air de prendre le même chemin… alors je connais un peu le sujet.
Cela fait longtemps que j’avais envie d’en parler mais sans oser. Il faut dire que c’est un sujet qui attire autant qu’il agace. Je rencontre souvent des parents concernés par le sujet et démunis. Alors je me décide à écrire ce fameux article qui me trotte dans la tête depuis longtemps.
Warning 1 : ceci n’est que mon témoignage de maman qui en a bavé et qui a appris, un peu, comment fonctionnent ses enfants (jusqu’à la prochaine étape).
Warning 2 : je souhaite vous dire que mon ambition dans la vie n’est pas du tout d’élever des surdoués. Je ne suis pas dans une recherche d’excellence mais de bien-être pour mes enfants.
Comment savoir si son enfant est précoce ?
En général, on se rend compte de la précocité de son enfant car il y a un « je ne sais quoi » de différent avec lui, il n’a pas vraiment le profil de l’enfant classique.
Notre premier enfant a été testé vers ses 7 ans. Une amie, puis son orthophoniste nous l’ont suggéré. De notre côté, nous cherchions des solutions pour gérer ses colères. Alors nous avons pris rendez-vous auprès d’une psy spécialisée pour passer les tests.
Quand on vous annonce que votre enfant est précoce c’est quand même plus rassurant que débile léger, il ne faut pas se mentir. Mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ?
Dans notre cas, j’ai reçu cette annonce comme un diagnostic et un soulagement. J’ai pensé : « enfin on a des explications sur son comportement, on va pouvoir l’aider ». Et en effet, j’ai pu lire des livres, discuter avec sa psy, aller à des conférences et commencer à comprendre son mode de fonctionnement. Ouf, il était temps.
Le fameux test Wisc
Un enfant est décrété précoce après avoir passé un test, le Wisc (jusqu’à présent il y avait le Wisc IV, le V vient de sortir). Si les notes obtenues aux différents sous-tests sont homogènes, on peut les associer pour obtenir le fameux QI.
90 < QI < 110 : 50 % (de la population)
111 < QI < 120 : 16.2 %
121 < QI < 130 : 6.7 %
Et enfin QI > 130 et plus : 2.2 %
Vous pouvez avoir plus de détails en allant sur le site ECPA et pour une information très claire et détaillée sur le sujet, consultez ce super site Les tribulations d’un petit zèbre.
Avez-vous remarqué comme les enfants précoces pullulent dans nos jolies banlieues bien sous tout rapport ? Moi, je connais des familles avec des enfants précoces à chaque coin de rue. Bizarre non ?
Je me suis souvent posé des questions sur la validité des tests. Sont-ils vraiment fiables et actualisés fréquemment ? Sujet à débattre. Toujours est-il qu’il faut bien avoir des outils de mesure pour aider à poser le bon regard sur nos enfants.
La précocité au quotidien ?
Prenons l’exemple d’une amie qui a trois enfants précoces : le n°1 se sent en décalage et en souffre, le n°2 vit sur une autre planète et s’en fout et le n°3 est tout à fait bien dans ses baskets et a plein de copains.
Donc certains précoces vivent très bien avec cette particularité alors que pour d’autres ça va être l’enfer.
Souvent ils sont hyper sensibles, ont peu de copains car en décalage avec leur tranche d’âge. Ils n’ont tout simplement pas les codes pour avoir des échanges « normaux » avec eux. Les centres d’intérêt sont différents, les jeux aussi. Ils sont dits plus intelligents mais au point de vue émotionnel, ils sont souvent immatures ou en décalage (l’intellectuel allant beaucoup plus vite que le reste).
Ce n’est vraiment pas facile à vivre pour eux et je me dis souvent que « je préfèrerais que mon enfant soit un peu plus con mais un peu plus heureux ». C’est peut être dommage mais parfois tellement vrai.
Les termes « précoce et QI » sont-il justes ?
Je pense que les termes « précoce et QI » sont vraiment mal choisis. Ils induisent que les enfants sont en avance sur les autres et plus intelligents mais aussi que ce n’est que provisoire, que les autres vont les rattraper un jour, ce qui est faux.
En fait, c’est surtout une histoire de mode de fonctionnement du cerveau.
Pour faire simple, ils ne sont pas câblés de la même façon que le commun des mortels. Les connexions se font autrement, ils sont capables de suivre un cours en dessinant et penser à autre chose en même temps. Ils sont en fait hyper-connectés ce qui est un atout parfois (flexibilité mentale ou créativité) et un handicap dans d’autres cas (hyper sensibilité ou pensée trop complexe).
Autre exemple, ils vont s’intéresser à des sujets pas du tout de leur âge mais qui les titillent. En outre, ils vont intervenir dans une discussion en vous parlant de tout autre chose car leur esprit aura fait des associations d’idées auxquelles vous n’êtes pas encore arrivés. Du coup, on a l’impression qu’ils ne s’intéressent pas à ce qui vient d’être dit, qu’ils sont hors sujet mais non, c’est juste qu’ils ont emprunté d’autres voies et plus rapidement.
On voit donc que la précocité ne se résume pas à une intelligence purement scolaire et faire la différence. Un enfant précoce et un enfant scolaire pourront tous les deux pour des raisons très différentes faire un ou plusieurs sauts de classe par exemple.
Est-il bon de dire à un enfant qu’il est précoce ?
J’ai bien senti des réticences dans ma famille sur le fait de dire à notre enfant qu’il est précoce. Je peux les comprendre, à un moment toutes les conversations ont tourné autour du sujet et notre fils était obsédé par cette différence.
On a fini par lui expliquer que sa précocité est une caractéristique comme le fait d’avoir les yeux bleus par exemple, pas la peine d’en faire tout un plat.
Ceci étant, un gamin précoce se sent tellement en marge, exclu, comme venant d’une autre planète que ça l’aide à comprendre sa différence. Après, c’est à lui d’apprendre à faire avec et de s’intégrer, d’avoir de l’empathie pour les autres et d’essayer de comprendre aussi leurs réactions.
Attention aux filles !
Il y a beaucoup plus de garçons identifiés précoces que de filles. En bonne féministe qui se respecte, je tiens à signaler que nous sommes aussi intelligentes qu’eux, c’est juste que nous avons une grande différence (ou défaut) depuis notre plus jeune âge : on veut à tout prix se fondre dans la masse.
Les filles vont tout faire pour masquer leur différence et intégrer un groupe. Cela peut être une chance ou bien devenir très compliqué pour elles à la longue.
Garder en mémoire qu’un précoce dans une famille induit de fortes chances d’en avoir d’autres. Le test de notre deuxième enfant s’est fait un peu par hasard. Il a été demandé par son collège pour une sélection en soutien dyslexie. Nous savions bien évidemment qu’elle était intelligente mais sa personnalité est tellement différente de celle de son frère que nous n’y avions pas du tout pensé pour elle. Comme quoi, on ne connaît jamais vraiment les autres, même nos très proches.
Précocité et échec scolaire …
Contrairement aux idées reçues, précocité n’est pas synonyme de réussite à l’école, loin de là.
• 1/3 des enfants doués se trouveraient en échec scolaire grave et quitteraient l’école sans aucun diplôme
• 1/3 obtiendraient des résultats plutôt moyens tant bien que mal
• 1/3 seulement poursuivraient brillamment des études supérieures, comme l’on pourrait s’y attendre pour des sujets présentant un haut ou très haut potentiel intellectuel
source : http://les-tribulations-dun-petit-zebre.com/about/
Je vais être cash, mais il faut bien le dire, les précoces s’emmerdent en classe. Soit les profs vont trop doucement, soit les sujets ne les intéressent pas et ils ne voient vraiment pas pourquoi ils devraient faire des efforts.
De l’utilité d’une classe EIP ?
Autre grand débat, les classes EIP (enfants intellectuellement précoces) dans les collèges sont-elles une chance ou non ? Je me suis longtemps posée la question avant d’y scolariser mon aîné. Franchement, le mettre avec des cas comme lui ne m’enchantait pas.
Mais après des années à galérer en primaire, nous avons bien vu qu’il avait besoin d’être avec ses pairs pour s’épanouir. C’est un peu un coup de poker : ça passe ou ça casse. Pari gagné dans son cas, il s’y épanouit depuis deux ans et nous respirons tous.
Pour entrer dans son collège, il a passé un test en CM2 pour être sélectionné. Inutile de les faire réviser, ce ne sont pas les connaissances mais leur mécanique de réflexion qui est testée. Ensuite, les élèves sélectionnés forment un groupe classe qui sera le même les 4 années du collège (a priori les gamins saturent en 3ème). Leurs profs ne cherchent pas à leur faire prendre de l’avance sur le programme mais à approfondir les connaissances. Certains sont très impliqués et formés pour cette classe, d’autres se passeraient bien d’avoir à faire à ce genre d’élèves.
Conclusion
Mon article est bien long. Il faut dire que le sujet est vaste.
Vous l’aurez compris, la précocité est diverse. C’est une chance qui peut être vécue avec fluidité ou difficulté.
Mon objectif en tant que parent est que mes enfants s’épanouissent. Nous avons la chance de vivre dans un pays qui commence (timidement) à prendre en considération les différences d’apprentissage. Alors n’hésitez pas, renseignez-vous, lisez et tenez le coup.
Les précoces sont souvent des trésors de gentillesse et de finesse pour qui la justice et l’éthique sont fondamentales.
Pour aller plus loin
- Les livres de Olivier Revol : le pape français sur le sujet, je l’ai vu en conférence, top. Je conseille notamment son livre « Même pas grave, l’échec scolaire ça se soigne ».
- Les livres de Jeanne SIAUD-FACCHIN : grande spécialiste de la précocité. Ses livres sont passionnants.
- Delphine Somers Merton : coach spécialisée dans l’accompagnement des précoces. En quelques séances, elle aide nos enfants à mieux gérer ce qui peut les faire souffrir dans leur quotidien. Elle a magnifiquement accompagné un de nos enfants . Et cerise sur le gâteau, la séance finale de restitution aux parents (06 24 15 55 42 – Rueil-Malmaison)
- Alexandra Cottereau : psychologue, elle réalise les test Wisc et accompagne les enfants précoces. Elle a nous a beaucoup aidés. Formidable ! (01 47 51 10 14 – 67 rue Galliéni, Rueil-Malmaison)
- Blog Les tribulations d’un petit zèbre : très complet et intéressant.
- Blog Rayures et Ratures : Jolie découverte faite en préparant cet article. Une explication en images via ce blog illustré de ce qui se passe dans la tête d’un enfant puis d’un adulte précoce.
- Classes collèges EIP : Collège public Le Cèdre et Collège privé Le Bon Sauveur (les deux au Vésinet)
Si j’organisais une conférence sur le sujet, vous seriez intéressées ?
Dites le moi dans les commentaires
Catherine
24 Commentaires
Anonyme
19 janvier 2017 à 17 h 11 minBonsoir,
Je serais intéressée par une conférence sur ce sujet, mes enfants étant peut-être concernés.
Merci pour cet article!
Paris à l'ouest
19 janvier 2017 à 18 h 51 minMerci pour ce retour. Je ne sais pas encore si on fera la conférence mais j'ai l'impression que c'est un sujet qui concerne beaucoup de monde. Une suggestion, inscrivez vous à la newsletter pour suivre notre actualité. Amicalement, Catherine
Christelle B.
19 janvier 2017 à 18 h 17 minBonsoir,
Oui je serais intéressée par une conférence sur le sujet de la précocité car on vient de "découvrir" que notre aîné de bientôt 17 ans est sûrement "précoce". Nous n'avons pas encore fait le bilan psy car je ne le sentais pas très partant… Et ma question est: une fois le bilan psy fait, que faisons nous ?
En tout cas, merci pour cet article !
Une maman démunie face à son ado en difficulté scolaire…
Paris à l'ouest
19 janvier 2017 à 18 h 51 minBonsoir Christelle,
je vous ai répondu par mail. A bientôt Catherine
Paris à l'ouest
20 janvier 2017 à 8 h 00 minBonjour Christelle, pourriez vous m'envoyer un mail pour que je vous réponde en direct ? catherine@parisalouest.com
Unknown
20 janvier 2017 à 18 h 12 minSuperbe article : captivant et émouvant
Merci de ta lucidité et de ton partage
Bise
Nathalie
Paris à l'ouest
23 janvier 2017 à 7 h 58 minHello Nath, ha la lucidité, pas évident tous les jours.
Bonne semaine
Marie F
20 janvier 2017 à 18 h 25 minMerci pour ce bel article ! oui intéressée par une conférence
Paris à l'ouest
23 janvier 2017 à 7 h 58 minC'est noté pour la conf !
Jenny
20 janvier 2017 à 23 h 42 minMerci pour ton article et tes contacts ! Une conférence serait très intéressante : autant comme maman que comme Instit'.
Paris à l'ouest
23 janvier 2017 à 7 h 58 minHa les femmes polyvalentes, c'est chouette ça. C'est noté, on en discute quand on se voit.
Barbara
21 janvier 2017 à 15 h 59 minOui trés interessée car j'hésite pour le collège…
Paris à l'ouest
23 janvier 2017 à 8 h 00 minLe collège, quelle histoire, quelle décision ? Il va falloir que je me dépêche d'organiser la conférence si c'est pour septembre.
Unknown
28 janvier 2017 à 7 h 24 minBonjour Catherine
Vivement ta conférence, j'y courrai!
De notre côté, nous sommes confrontés à la précocité chez un enfant par ailleurs malade chronique, on nous a dit plusieurs fois que La maladie rendait précoce. Des idées sur le sujet?
Bises
Sophie
Paris à l'ouest
30 janvier 2017 à 8 h 40 minHello Sophie,
C'est fou ce que tu me dis, je ne l'avais jamais entendu. Un sujet de plus à creuser donc.
Je te tiens au courant quand on met en place la conférence
Bises
catherine
Laurence
1 février 2017 à 15 h 43 minBonjour Catherine,
Merci pour ce super article, on se sent moins seule… Je suis hyper intéressée par une conférence sur le sujet, étant maman d'un petit garçon précoce de 9 ans pour qui d'ailleurs se pose le sujet du collège dans 1 an et demi… Bravo en tout cas pour ce site qui est pour moi qui habite Rueil une mine d'or au quotidien!
Paris à l'ouest
2 février 2017 à 8 h 23 minBonjour Laurence,
Je suis vraiment contente que l'article d'apporte du réconfort, c'était une de mes motivations en l'écrivant. Si tu as des bonnes adresses à Rueil, je suis preneuse. Catherine
Anonyme
20 février 2017 à 8 h 19 minRien dans le Val d oise!!! Snif
Paris à l'ouest
20 février 2017 à 20 h 57 minA quel niveau rien dans le val d'oise ?
maman@home
28 septembre 2017 à 20 h 44 minIl faudrait filmer la conférence et faire en sorte que nous puissions tous y accéder, Montpellier c'est loin HELP 😉 Tes enfants ont il fait des passages anticipés en primaire du coup ? Comment gérez vous les crises de frustration, oui je sais vaste sujet mais on ne sait jamais.
Merci 🙂
Paris à l'ouest
6 octobre 2017 à 13 h 59 minHello, la conférence ne sera pas filmée, peut être une autre fois…
Mes enfants n'ont pas sauté de classe mais l'aîné est dans un collège avec classe IP.
Pour la frustration, ça s'améliore en grandissant. Sinon, on vient de me parler d'un livre qui a l'air top : petit décodeur illustré de l'enfant en crise lien FB bit.ly/2y5ALF5
Bon courage 🙂
Clea
27 mars 2018 à 21 h 17 minBonjour Carherine ,
Quel magnifique article , tellement vraie , si claire avec énormement de bienveillance et empathie.
Mon actuellement en CM1 va faire un saut de classe vers 6eme et selon preconisation de son école et psy et neuropsy… on nous suggéré de l’inscrire au test du collège du Cèdre. J’ai bien saisi d’après votre article que ce n’est pas la peine de le faire réviser .. cependant je souhaiterai avoir quelques informations pour le preparer mentalement . Peut-on échanger par mail ? Auriez vous la gentillesse de me donner qq informations ? D’avance mille merci de votre aide s
Paris à l'ouest
28 mars 2018 à 9 h 00 minBonjour Cléa, On échange par mail et tel si vous voulez
Marie-Pierre
14 juin 2018 à 3 h 47 minBonjour,
Grâce à votre article, je viens de découvrir qu'il existait des collèges avec classe dédiées EIP …. Je me renseigne pour ma région Occitanie.
Merci à vous !